Broderie d'or
Les archives du monastère de Sainte-Catherine contiennent des informations détaillées sur les somptueux vêtements offerts par les moines voyageurs qui ont enduré de grands dangers et des persécutions pour les apporter des pays orthodoxes.
À l'époque ottomane, il existait trois centres d'orthodoxie : la Laure de Saint-Savas à Jérusalem, le monastère du Sinaï et le Mont Athos. Des citoyens fortunés, des souverains, des patriarches, des princes de Russie et de Moldavie-Wallachie ont doté ces centres par des dons en argent et d'autres dédicaces.
Les dédicaces les plus importantes sont sans aucun doute les vêtements sacrés et les objets en métal utilisés dans le cadre du culte public. Le clergé orthodoxe a conservé tous les privilèges qu'il avait acquis sous le règne des empereurs byzantins, et la juridiction de la Grande Église s'est étendue à tous les orthodoxes de l'empire ottoman ; le clergé se composait donc de nombreux prêtres, qui avaient surtout besoin de vêtements appropriés.
Les archives du monastère de Sainte-Catherine contiennent des documents détaillés sur les somptueux vêtements offerts par des moines voyageurs qui avaient enduré de grands dangers et des persécutions pour les faire venir de terres orthodoxes, ou même d'autres pays, comme l'Autriche, la "Nemzia" ou la Hongrie, où se trouvaient des communautés de Grecs fortunés.
Ces objets peuvent être regroupés en trois catégories : les vêtements donnés pour l'absolution des péchés, les legs et, plus rarement, les achats directs. Le moine, qui porte toute la journée l'humble robe du travail et de la prière, doit être richement vêtu lorsqu'il s'approche des dons divins. Tel est le commandement de Dieu à Moïse qui fait référence aux vêtements "d'or, de bleu, de pourpre, d'écarlate et de fin lin" destinés à "son frère Aaron et ses fils pour servir de prêtres" (Exode, 28). En outre, les vêtements sacerdotaux sont également mentionnés dans un décret de l'empereur attribué au fondateur du monastère du Sinaï.
La sacristie expose sept vêtements brodés d'or de la collection du monastère, répartis en deux groupes distincts. Le premier comprend six vêtements sacerdotaux, à savoir le sakkos, l'omophorion, l'orarion, la mitre, l'épigonation et l'épitrachelion avec des décorations symboliques. Ces vêtements ont probablement été créés en Crète, où l'on trouvait des ateliers florissants de broderie d'or aux XVIIe et XVIIIe siècles, et où le monastère entretenait des dépendances, ou à Constantinople au XVIIIe siècle, par le célèbre tisserand Despoineta. La seconde comprend un épitaphe destiné à recouvrir le reliquaire de sainte Catherine réalisé à Vienne, ville étroitement liée à l'activité des marchands grecs à l'époque ottomane, ainsi que centre d'art baroque.
Une comparaison des œuvres d'art post-byzantines avec les artefacts de ce dernier groupe met en évidence le sens profond de la spiritualité de l'art post-byzantin par rapport à celui de la Réforme. Ces quelques objets exposés reflètent également l'importance du monastère dans le monde orthodoxe. La vision durable de la Bible et de Byzance qui s'est imposée aux pèlerins grâce à ce paysage sacré est aujourd'hui complétée par ces spécimens d'art religieux qui possèdent une beauté spirituelle et soulignent la splendeur du culte. Ces œuvres d'art luxueuses rappellent la myrrhe coûteuse offerte au Seigneur par Marie, la sœur de Lazare. MTh